You’re such a nice guy.

Je me souviens qu’il y a quelques temps, une maman ne surveillait pas du tout son enfant, sur le parking de la Poste. Je suis arrivée en vélo, j’ai freiné de justesse pour éviter le petit, et j’ai émis un son que je ne peux pas trop écrire, mais vous savez c’est ce son qu’on émet en aspirant hyper fort quand on craint un choc, genre ffffffouuuu mais inversé. J’ai eu peur pour ce petit et j’ai dit ‘attention quand même’ (j’ai 65 ans en vrai, je te l’ai déjà dit). Sa mère, au téléphone, peu intéressée a dit ‘elle a quoi celle-là, wesh la meuf, faut se détendre’. Texto.

Seriez-vous détendue ma chère dame si j’avais écrabouillé votre enfant avec mon vélo parce que votre coup de fil était plus important que sa petite main dans la votre ? Non madame. Même que je sais ce qui se serait passé. Vous m’auriez insultée de plus belle, peut-être même violentée, et j’aurais été la fautive. Vous m’auriez déversé votre colère et votre haine dessus, en présence de ma fille (qui était derrière moi, solidement arnachée). Vous auriez même peut-être appelé du renfort pour que mon sort soit clair et net.

Mais ce jour-là, je n’ai rien dit. Parce que je n’ai pas l’énergie pour ça. Et parce que je n’ai pas la prétention de croire que je peux changer quoi que ce soit chez les autres.

Plus tard cette même année, je me suis faite agresser violemment pour mon téléphone. Gratuitement, un jeune homme m’a frappée, en s’assurant que je ne répliquerais pas, ayant placé derrière moi 3 de ses amis pour lui prêter main forte en cas de résistance. J’ai d’ailleurs résisté quelques secondes, mais je n’ai récolté qu’un visage défiguré et un abrutissement temporaire.

J’ai porté plainte bien sûr. Et j’ai racheté un téléphone. Et j’ai refait confiance en reprenant mon chemin très peu de temps après.

A part ça, je n’ai rien dit.

Un soir où j’allais chercher Nina à l’école, je me gare puis la récupère. En repartant, impossible de sortir du parking car deux personnes avaient décidé qu’elles étaient plus importantes que le reste du monde et n’avaient pas daigné se garer à des vraies places comme n’importe quel parent. Je me permets de klaxonner car je suis vraiment bloquée. Une femme descend les escaliers extrêmement lentement en me fixant du regard avec un air de mépris bien trop fréquent par ici. Elle avance tout juste ce qu’il faut pour que je puisse passer. Ce que je fais. Et j’entends au loin ‘sale pute va’. Charmant. En plus de l’égoïsme et de la vulgarité, vous héritez également de la bêtise.

Mais je n’ai rien dit. Je suis rentrée chez moi et c’est tout.

Laissant passer les piétons un peu pressés, rendant un sourire à leur ‘merci’. Montant le son pour faire écouter à Nina une chanson chérie. L’écoutant me raconter sa journée toute simple d’enfant encore à l’abri de la bêtise.

Je crois fermement à la gentillesse, j’y tiens. Je tends l’autre joue et je m’écrase pour ne rien envenimer. Je ne mets pas les gens face à leur égoïsme parce que je me dis qu’ils n’ont pas envie d’entendre ça. Je me dis que je finirais toujours par être celle qui a tort.

Alors je ne dis rien.

Je ne dis pas ma blessure quand je suis au milieu de ce groupe d’anciens camarades et que je me sens comme une étrangère parmi ceux avec qui j’ai grandi.

Je ne dis pas que j’ai l’impression de n’avoir pas travaillé du tout, je ne dis pas que j’aurais eu besoin qu’on me dise que j’avais été utile, malgré tout.

Je ne dis pas qu’elle m’a blessée ce jour-là, et que l’injustice me rend malade, depuis toujours.

Je ne dis pas.

Et mon corps paye.

Depuis des mois je me réveille tous les matins avec des douleurs atroces aux pieds, parce que je ne m’exprime pas et que ça joue sur tout le reste. Parce que je n’ai pas dit et que je continue de ne pas dire, l’absurdité, l’égoïsme, la bêtise.

Je ne vais pas arrêter d’être gentille, ça non.

Mais il m’a conseillé de dire des petites choses, de temps en temps, pour ne pas exploser au mauvais moment.

Je vais faire ça.

Mais je vous dirai toujours de passer une belle journée, avec un sourire. Parce que tout le monde mérite de passer une belle journée n’est-ce pas ?

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Cette photo n’a vraiment AUCUN rapport, mais je l’aime beaucoup.

16 commentaires sur “You’re such a nice guy.

  1. Et bien tu sais quoi ? Je suis tout pareil…jusqu’aux douleurs aux pieds (je marche parfois comme une vieille tant je souffre), j’ai vécu des situations similaires aux tiennes mais heureusement je n’ai jamais reçu de coups ! Et le pire, c’est que cette incivilité, cette méchanceté gratuite n’est pas prête de s’arrêter 🙁

  2. Oh bah dis donc toi…
    Je pense qu’à certaines personnes / certains moments, se taire reste la meilleure réponse. Par contre, te laisser ronger par des trucs qui te pèsent, ça non! Ca libère de parler, ça permet de prendre du recul aussi.
    C’est bizarre, parce que pour moi tu es quelqu’un qui dit ce qu’elle pense sans langue de bois, et sans chercher à blesser non plus, en assumant de façon très honnête.
    Après c’est encore autre chose de parler de soi, de ce qu’on ressent (je crois que c’est difficile pour tout le monde).
    Prends soin de toi ma belle, je t’embrasse! Et passe une bonne journée, tu le mérites autant que les autres! (voire bien plus que certains)

  3. Ne te laisse pas bouffer par les émotions négatives comme ça. Remarque je te dis ça mais je suis pareille … et idem je crois fermement à la gentillesse, faire la gueule H24 ne réglera aucun problème sur la terre mais croiser une personne avec le sourire illumine la vie quelques instants.

    Bisous la Yeah Yeah <3

  4. Moi quand un connard me fait chier en voiture je fais semblant de le cartonner. Quand un connard traverse n’importe comment je fais semblant d’accélerer et/ou de le faucher.
    Bref les connards méritent un traitement pour connard

  5. Ce n’est pas de la bêtise, c’est de la lâcheté. On vous a agressé et insulté parcequ’on a pas eu peur de vous. C’est révoltant n’est-ce pas ? tout ça parcequ’on a pas une personnalité de « dominant »…et puis se donner en spectacle, je n’y arrive pas, j’ai honte. Des fois, je me dis que moi aussi je suis lâche parceque je n’ai pas osé répondre, parceque j’ai eu peur de la scène, peur d’être humiliée aussi par l’agressivité des autres (les faits divers montrent que y’a quand même de sacrés tarés)
    Un jour j’ai hurlé, après un type en voiture, hurlé comme une démente, à percer les tympans de mon mari à côté et de mes enfants, qui sont restés bouche bée. J’ai remis ça un autre jour après le père de ma voisine qui s’était garé devant ma sortie garage. Vous savez ce qui est terrible, c’est que quand vous vous défendez contre de l’incivilité (je ne parle pas de l’agression physique qui est d’un autre ressort), les gens, soit vous méprisent parceque vous faites des « histoires », soit se régalent du spectacle. J’ai 44 ans, je suis en train de changer petit à petit, mais j’ai toujours peur de ces situations. Mais des fois des marques de gentillesse et de civilité inattendues rachètent un peu tout ça.

  6. y’aura toujours des cons. bon, faut faire avec…
    moi aussi je crois à la gentillesse, je me mets toujours en quatre pour faire plaisir et parfois ça me pète à la gu*le.
    Les gens sont parfois (très) égoïstes et pensent parce que toi tu te plies toujours à ce qu’on attends de toi… que ce sera toujours le cas.
    Pour ma part, j’en suis revenue (récemment je l’avoue) : désormais je pense à MOI et à ma petite Famille (=mon fils+ mon mari) AVANT les autres. Et quand ça ne va pas : je le dis, et ça crois moi ça fait bizarre à certains. Et bien ça fait du bien (à moi), au moral, à ma peau qui portait les stigmates de ce stress ambiant. Puis les autres sont FORCES de s’adapter et de se prendre en charge. Comme disait mon grand père parfois mettre un peu de ‘Chacun sa m*rde et Dieu pour tous’ dans la vie ça fait du bien 🙂
    bon mon commentaire n’a pas pas trop à voir avec ton post mais ça fait du bien de l’écrire :))
    Bon week end !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    bises Elodie

  7. Je suis exactement comme toi. Mais parfois j’en ai marre de m’en prendre plein la gueule !
    Je déteste qu’on me dise que je suis trop gentille. Une fois ma boss m’a dit que je vivais dans le monde de oui-oui et j’ai trouvé ça monstrueux… je peux me regarder dans la glace et c’est l’essentiel. Je n’ai pas envie d’écraser les autres !
    Cela fait partie de toi mais il faut te protéger aussi…
    Tes mots m’ont fait du bien, on se sent moins seul.

  8. Je me permet de réagir parce que ton post me touche beaucoup. Moi aussi j’ai un côté bisounours souriant avec un arc en ciel au creux de la main mais je souhaite le conserver, et même le transmettre. Mais j’ai peur du tournant que prend la société. Est ce une impression où les cons prolifèrent ? Racisme, agression en tout genre, trahison, irrespect, sans parler de la classe politique… On se replie sur soi-même, on construit de la connerie en barre. C’est effrayant. Et on élève des enfants pour qu’il soit en mesure d’affronter tout ça sans s’en prendre trop plein la tronche… Pfff. Je ne suis pas très optimiste mais malgré tout, comme toi, je ne cesserais de dire bonjour, saluer les gens, et rester bisounours !

  9. Oh la cet article me parle tellement.
    J’ai toujours été gentille. Je m’en suis pris plein la tête au collège, je m’en suis pris plein la tête par une prof lors de mes études – et je suis certaine maintenant qu’elle s’en prenait à moi car je ne disais rien- et ainsi de suite. Je ne disais rien et je n’osais pas.
    Puis, on a fait construire une maison, on a eu des ennuis avec notre terrain et c’est là que le déclic a eu lieu. Impossible de me laisser faire face à des promoteurs pourris jusqu’à la moelle.
    Et, depuis, j’ai plutôt du mal à me taire.
    J’essaie d’être gentille au maximum mais je ne peux plus me laisser faire (je me tairais si quelqu’un est trop agressif ou dangereux mais, pour les gens qui sont juste cons, je ne peux pas).
    Et, tu sais quoi, je vais mieux. Je ne m’énerve plus pour rien, je n’ai plus de névralgie (moi ca se traduisait comme ça) et je me sens forte. Car, si j’ai réagi aussi, c’est parce que je ne veux pas que mes enfants s’en prennent plein la tête comme moi. Je veux qu’ils sachent que si quelqu’un dépasse les bornes, ils ont le droit de lui dire (tout en restant poli car, de toute façon, on est plus impressionnant quand on reste poli).

    Désolée pour le roman 😉 mais surtout n’hésite pas. Commence doucement : si un quelqu’un ne te dit pas merci, par exemple, dis lui : Mais de rien, avec plaisir. Un simple exercice tout bête mais qui fait du bien !

  10. You are such a precious girl you know that?
    Le monde devrait être plein de gens comme TOI, il ferait plus doux y vivre.
    Un big love et des bisous

    PS. moi, quand ce genre de chose m’arrive j’invente ensuite des mini pièces de théâtre et je me défoule 🙂

  11. t’es la meilleure et tu as tout compris. plus de gens comme toi le monde s en porterait mieux. Je te suis, je suis gentille c est comme ça. des bisous.

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