They killed Chichi

Il y a quelques jours en rentrant de l’école, j’ai parlé à Nina des futurs changements de notre quotidien. Et puis je ne sais pas pourquoi ni comment on en est arrivées à parler du sujet de la mort.

A ce moment-là je me suis dit que vraiment le cocon que je lui avais fait était super épais et la mort n’y avait pas sa place. Ce qui est fou c’est qu’elle est née durant des deuils, nous avons perdu deux personnes chères durant ma grossesse puis d’autres une fois qu’elle était née.

Elle est habituée aux cimetières, aux ‘ciels’ comme elle dit. Elle y va, elle sait que Mamie Lucette y repose. Elle se souvient d’elle et a bien remarqué que nous n’allions plus la voir. Elle sait que Papy est sur la photo du salon et dans nos cœurs mais elle ne l’a jamais vu.

Mais ce soir-là, je lui ai dit que toutes les vies finissaient par la mort, et la sienne aussi. Elle a fondu en larmes et j’ai retrouvé ma détresse d’enfant face à ça. Tout a ressurgi en même temps que ses larmes, parce que moi-même j’ai toujours été terrifiée à l’idée de mourir ou de voir mourir ma mère.

Il y a eu un gros blanc, parce que je pleurais moi aussi, me souvenant que rien ne me consolait enfant à l’idée que nous devions tous mourir.

On a fait un gros câlin et elle m’a énuméré toutes les personnes qu’elle ne voulait pas voir mourir, elle m’a dit sa crainte de voir mourir Mamie ‘parce qu’elle est déjà vieille’ (sympa pour Mamie, qui n’est pas vieille du tout d’ailleurs). On a cherché une petite vidéo qui expliquait tout ça sans les larmes mais je n’ai rien trouvé à part une femme un peu perchée déguisée en fée (si vous cherchez dans youtube ‘la mort expliquée aux enfants’ vous allez la trouver). Pas méchante la dame et puis ce qu’elle dit est en grande partie très sage mais ça n’a pas vraiment apaisé Nina.

Au bout d’un moment elle en a eu marre et n’a plus voulu parler de ça. Alors on n’en a plus parlé. Elle a appelé sa Mamie pour lui faire un bisou et j’ai conclu par ‘si on meurt un jour c’est qu’on a eu la chance de vivre mon cœur, alors profitons-en’. J’ai rien trouvé de plus sage.

Au cours de cette conversation on a aussi abordé le sujet de la procréation. Nina n’a aucune idée de ça non plus mais je vais pas la secouer trop hein.

A partir de quel âge on doit arrêter de les couver ? hum hum …

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10 commentaires sur “They killed Chichi

  1. Ah lala je ne sais pas, je n’ai pas encore osé aborder le sujet avec mon fiston (3 ans et demi), j’ai les mêmes craintes que toi: me mettre à pleurer en lui expliquant. Il doit le sentir, car ne me demande jamais où sont mes grands-pères, alors qu’il connaît mes grands-mères, et demande bien, pour toutes les personnes qu’il connait, (sauf pour celles qui n’en ont plus !) qui sont les papas et les mamans de qui … J’appréhende ! Je trouve ta conclusion bien sage: on a la chance de vivre alors profitons-en 🙂

  2. oui bonne concllusion! Moi ma Ninouche de 5 ans 😉 je lui en ai toujours parlé et elle pleure à chaudes larmes dés qu’il y a la mort dans une histoire (d’humains ou d’animaux) ou la séparation enfants/parents…mais on en parle terre à terre, en prenant l’exemple des animaux (déformation professionnelle…), et je lui parle des petites cellules qui constituent notre corps, qu’elles sont fatiguées, de la nature, des choses qu’on ne décide pas mais aussi de la beauté du monde…et oui qu’il faut en profiter!!! (elle a compris et me le ressort face à un gros paquet de bonbecs comme on dit: « tu vois si demain on a un accident…faut tout manger » là je souris 🙂 ) bisous à ta Nina (et l’histoire des petites cellules permet de basculer sur la procréation…)

    1. Ca me donne une piste, les petites cellules, parce que, parler de la mort, ce n’est pas facile, mais les enfants comprennent vite que c’est souvent triste, tandis que parler de la procréation… C’est quand même compliqué avec les petits… je m’étais tellement bien débrouillée avec ma fille de quatre ans et ses questions super précises, en essayant de lui dire que le « trou » pour la graine de la maman n’était pas vraiment un trou, qu’il se refermait, comme une bouche, qu’elle a compris que j’avais mangé le bébé, elle était horrifiée… depuis, elle n’a plus osé me poser de questions…

  3. Ton article me touche vraiment très fort.
    Parce qu’à quatre ans, j’ai aussi eu des grosses angoisses avec la mort (merci Bambi). Et que presque trente ans plus tard, j’en mène pas beaucoup plus large. D’ailleurs, mon papa et ma maman ne mourront pas, c’est simplement inenvisageable. Mais je stresse déjà en pensant au jour où il faudra expliquer ces sombres histoires à mes bébés (autrement qu’à travers la mort des parents d’Elsa et Anna).
    Et si ton blog me fait rire, je suis aussi touchée par ces articles où tu partages simplement des doutes, des angoisses ou des questions qui font si bien écho aux miennes.
    Merci

  4. Chacun fait comme il peut et comme son histoire le lui permet.
    Je te raconte comment on a fait chez nous, des fois que … (bon, je doute que ça te parle, mais qui sait ?) (Après ben je cause de choses qui sont peut-être angoissantes pour toi, si tu valides pas le comm, je comprendrai).
    Notre fille (4 ans et demi) a posé des questions sur le sujet TRÈS tôt. Faut dire que mon père est mort quand j’étais jeune et la mère de mon mari quand il était enfant, y a des trous dans les réunions de famille qu’il a bien fallu expliquer à une enfant très curieuse et très verbale …
    Donc bon, on meurt quand on est arrivé au bout de sa vie, a priori quand on est vieux. Et qu’est-ce qu’on devient ? Ben c’est comme le compost ma chérie. Ah bon d’accord. Et moi je mourrai quand ? Avant ou après toi ? Je mourrai quand je serai très très vieille, plus vieille que ton arrière grand-mère. (Oui fuck le culte de la vérité pour une fois … ) et toi tu seras une adulte depuis très longtemps. D’accord.

    Ensuite … j’ai fait une fausse couche. Et ma fille de 2 ans et demi savait que j’étais enceinte. Donc il a fallu tout reprendre de ce qu’on avait expliqué, c’était plus « le bébé dans le ventre de maman » mais « la graine de bébé qui n’a pas germé dans le ventre de maman » (on fait beaucoup de jardin). Un an plus tard j’ai été enceinte à nouveau. On voulait attendre les 3 mois pour lui dire, mais la gamine est trop intuitive … Donc « y a une graine de bébé dans le ventre de maman », et du tac au tac « et si elle germe, j’aurai un petit frère ou une petite soeur ? ». Et voilà. (Elle a germé et roupille en porte bébé là maintenant).

    Et pour la procréation on reste dans le végétal : la graine du papa, la graine de la maman qui s’ils ont de la chance font une graine de bébé. « Et G. qui a deux mamans ? Y a un papa qui a donné un peu de ses graines. D’accord.

    Et sinon je me suis retrouvée un jour je ne sais comment à lui expliquer le placenta (non mais sérieux les enfants super curieux c’est génial mais parfois je ne m’en sors pas !) et son commentaire a été « Ça a l’air gluant. »

  5. Si tu veux trouver de l’apaisement sur cette question de la mort, tu peux te procurer « Je t’aimerai toujours, quoi qu’il arrive » de Debi Gliori.
    C’est un album jeunesse, qui parle avant tout de l’amour, mais aussi de la séparation. Tout en douceur.

  6. Houlala oui comme c’est compliqué, surtout les enfants qui creusent nos réponses!
    Ici on essaye de rester un peu universel: tout naît, vit, meurt. On lui dit aussi qu’on meurt tout de même généralement très vieux et que les gens morts vivent toujours un peu à travers nous. Je prends des exemples concrets de choses ou savoirs transmis par mes grands-parents. J’aime beaucoup le premier degré des enfants dans ces moments-là: alors c’est mamie qui va mourir en premier? bah… oui probablement (bonne ambiance).
    Et puis surtout j’essaye de lui apprendre à profiter du moment, quelle chance on a d’être ensemble aujourd’hui, quelle chance on a d’avoir déjà fait tant de choses ensemble! Car dans ma tête je pense toujours que si tout devait s’arrêter demain, j’aurais tout de même été bien veinarde 🙂

  7. Voilà une question qui me terrifie… Je n’en mène moi-même pas large face à la mort qui me terrifie depuis enfant….

    Ma fille va avoir 2 ans et bientôt les questions viendront. Ma mini est un bébé espoir… Elle est née un an et demi après son frère qui est mort dans mon ventre à 9 mois de grossesse, juste avant mon accouchement. Notre histoire familiale est teintée de ce drame qui fut un réel tsunami pour mon mari et moi et pour notre entourage. Et l’histoire de ma fille est inextricablement liée à celle de son frère… S’il avait vécu, elle ne serait pas là… Elle est au courant de tout ça, autant qu’une fillette de 2 ans puisse l’être. Elle fait des bisoux à la photo de son frère, elle l’appelle par son prénom, elle fait des câlins à sa photo ou au petit ange qui le représente chez nous. Elle sait, mais un jour il faudra lui expliquer avec de vrais mots, un jour il faudra lui raconter et je me sens complètement démunie face à ça. Lui expliquer que les gens n’attendent pas forcément d’être vieux pour mourir, qu’on peut mourir avant de naître…

    Comme tu le dis, « Si on meurt un jour c’est qu’on a la chance d’être en vie alors profite », commencer par là…

  8. Mes parents m’ont toujours préservée de ce sujet, j’avais un cocon super épais moi aussi et je les en remercie.
    J’avais 21 ans quand je me suis rendue à mon premier enterrement. C’était bien assez tôt.
    On découvre cela toujours bien trop tôt… Malgré ce cocon, étant petite, je me disais constamment que je devais profiter des mes grands-parents car ils ne seraient pas toujours là, maintenant qu’ils sont partis, je me dis que j’avais bien raison ! J’ai tendance à faire ça avec mes parents maintenant.. Pourtant ils ne sont pas vieux ^^ ! C’est juste que le temps passe vite… Il ne faut surtout pas le gâcher.
    Bref, c’était mon avis. Tu as raison de protéger ta petite poulette 🙂

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