Il aura fallu qu’on nous somme de rester chez nous pour que je trouve le temps de revenir écrire ici.
Je ne vais pas me plaindre, j’aime être chez moi, et encore plus si on me le demande.
Depuis une semaine, nous restons tous les trois à la maison, heureusement le soleil est là. Nous avons la chance d’avoir de l’espace, un jardin et accessoirement de nous aimer. J’ai une pensée pour tous ceux qui n’ont pas ces chances. Et je savoure deux fois plus les miennes.
Lundi, c’était mon anniversaire. Le président annonce que nous ne devons plus sortir sans raison valable. La peur me gagne parfois par courtes angoisses, et puis je me dis que si je reste bien tranquille à la maison, je ne m’expose pas et surtout je n’expose pas d’autres personnes, potentiellement fragiles.
Remplir ce devoir est d’une facilité déconcertante pour moi, l’ermite de ville. J’aime aller bosser, j’aime me promener ailleurs, voyager mais tout ça avec la joie intacte et quotidienne de retrouver ma maison le soir.
Ne plus la quitter pendant de longues semaines c’est enfin pouvoir rayer des choses sur ma longue liste.
Avoir du temps pour ma fille, ne plus lui dire ‘j’ai pas le temps’, lui faire l’école. Bon alors ça c’est pas ma passion mais elle est en CE2, je comprends encore tout. Je comprends même les devoirs en maths donc on est bons.
J’ai déjà rangé et trié : mon atelier, la salle de jeux, l’établi, le placard sous l’escalier. J’ai dépoussiéré les dessus d’armoires, les dessus de lampes aussi. Il me reste encore pleins de choses et j’y pense la nuit. A croire que mon esprit n’aime pas être au repos.
Je n’ai quasiment plus de boulot, alors je cherche des moyens d’être utile quelque part.
Nous sommes tous les trois depuis 10 jours et nous ne déplorons aucune dispute pour l’instant. Quelques agacement passagers mais rien de plus.
Nous sommes complètement décalés par contre, plus le temps passe, plus nous nous levons tard. Mais finalement, dans ce monde en pause, ça n’a aucune importance.
J’ai pas mal cousu déjà, des masques pour nos rares sorties, une culotte parce que j’avais envie, j’ai terminé une robe que j’avais commencé. En temps normal, il me faut 3 soirées de couture pour finir un projet.
Je vais pouvoir m’attaquer à ma corbeille de retouches, j’ai hâte finalement de remettre tous les compteurs à zéro : maison, tâches pénibles, temps avec ma famille, jardin etc ….
Evidemment, j’ai totalement conscience que la vie n’est pas en pause pour tout le monde et je suis infiniment reconnaissante envers tous ceux qui font tourner le pays pendant que nous les applaudissons par la fenêtre.
Mais je suis comme ça, je ne me plains quasiment jamais et je me réjouis de cette pause dont je n’aurais jamais osé rêvé.
Bien sûr que je vais probablement perdre une partie de mon salaire, bien sûr que les mois de reprise vont être difficiles, peut-être que quelqu’un que je connais sera frappé par la maladie aussi, mais comme je suis sujette aux angoisses, je chasse tout ça de mon esprit et je prends les jours les uns après les autres.
Voilà. J’ai mis mes pensées bout à bout pour laisser une trace. Je dis pas que c’est intéressant, je crois même que ce n’est pas drôle mais peu importe. Je ne peux pas dire que je n’ai pas le temps de tenir un journal.
À la semaine prochaine. Et restez chez vous tant que possible.