En ce moment, c’est un jour une idée d’article. Et puis je dors, et j’oublie mes supers arguments. C’est quand même con que je note pas tout ce qui me passe par la tête quand je vais me coucher. Y a de la matière, c’est fou !
J’ai envie de vous parler des tabous. Et plus particulièrement les tabous en rapport avec les femmes et leurs corps, leur santé etc …
D’abord, première question : pourquoi les règles sont aussi tabou ? Pourquoi on sous entend aux jeunes filles qu’il faut être discrète et compagnie en ce qui concerne leurs règles ? J’ai eu mes règles en sixième, il y avait tout un tas de trucs à pas dire. T’as eu tes règles c’est cool, tu les as toujours pas, c’est trop la honte alors tu fais croire que oui. T’as mal au ventre, tu chuchotes vraiment super discrètement au prof que ‘c’est pas les bons jours pour courir m’sieur’. Il comprend (vaguement) et te dispense de faire tes 50 tours de stade. Tu as une fuite, tu es pétrie de honte, tu te balades toute la journée avec un manteau autour de la taille, t’as froid mais tu t’évites les moqueries. Tu as tes règles, t’as pas pensé à apporter une serviette, tu cherches la personne dont tu es suffisamment proche pour lui demander de te dépanner. C’est sans fin. Je crois que j’ai arrêté d’avoir honte il y a 5 ou 6 ans. Donc si je calcule, ça fait 16 ans de honte, pour rien. Parce que, on en parle pas.
Les règles c’est la vie, c’est le signe que tout fonctionne. On n’est pas toutes égales malheureusement mais aucune femme ne devrait avoir à se planquer à cause de ça. Le médecin qui te sort ‘le stérilet hormonal c’est génial, vous n’avez plus de règles’, je trouve ça incroyablement con. J’ai enlevé le moteur de ta bagnole, ça faisait trop de bruit. Ahah, j’exagère oui. Mais c’est parce que je comprends pas.
La question aussi ‘tu utilises quoi comme moyen de contraception, si c’est pas trop indiscret ?‘. Pourquoi ça le serait ? Ah oui, parce que le sexe aussi c’est tabou. Avoir une sexualité épanouie c’est tabou. N’en avoir aucune aussi d’ailleurs. Ce que je me demande c’est POURQUOI ? C’est quand même un truc super la sexualité, donc je vois pas le souci avec.
En découle mon deuxième constat, triste et révoltant : beaucoup de femmes qui ont choisi la pilule sont anesthésiées. Elles n’ont plus de libido, des mycoses à répétition, elles prennent du poids, parfois même développent des kystes ou autre. Leurs conjoints le déplorent mais ignorent souvent que ça vient de là. Et le couple meurt à petit feu. Parce que dans la majorité des couples, le sexe c’est important. Oui. Et quand le sexe va, tout va (le plus souvent).
Je prenais la pilule jusqu’à 25 ans je dirais, une bonne grosse dizaine d’années à me faire du mal. Première fois que je l’ai prise, j’avais 16 ans. J’ai pris dix kilos, 4 bonnets de soutifs et j’ai découvert les mycoses. La douleur, la sécheresse. Mais je savais évidemment pas que ça venait de là. Alors l’avantage à 16 ans c’est que t’es chaud comme la braise donc la libido est encore au top malgré la camisole chimique. Sauf que, au bout d’un moment, tout redescends, et le moral de ton couple avec.
Un matin je l’ai pas prise, et j’ai tout jeté. Je l’ai dit à mon chéri. Il a dit OK. On a repris le préservatif et c’était réglé. Oui c’était pas le top, mais au moins j’ai redécouvert mon corps. Vivant. J’ai découvert que mon corps ressentait des trucs, avait des émotions.
J’ai identifié des années et des années plus tard le SPM, avant ça j’étais persuadée d’être dépressive chronique. Avant ça j’étais persuadée que ma collègue était la personne la plus insupportable du monde, mais seulement une semaine par mois.
Mais au moins, mon corps est libre. Si j’ai pris du poids, c’est uniquement à cause de mon alimentation médiocre. POINT.
Depuis Nina, je suis au stérilet cuivre. Alors oui, j’ai des règles de dingue, mais c’était déjà le cas avant. Oui je suis anémiée, oui je suis fatiguée, mais c’est presque naturel. C’est la solution qui me convient le mieux, je sacrifie une semaine de confort par mois. Mais au moins je sais que je n’aggrave pas mon cas, au niveau de la santé je veux dire.
De manière générale, et de plus en plus, je n’aime pas les médicaments. Ils soignent un point A et détraquent le point B. Je ne leur fais pas confiance. Donc j’en prends vraiment le moins possible. Je laisse à mon corps la chance de se défendre par lui-même. Des fois il bugge mais le plus souvent, je peux compter sur lui.
Mon troisième tabou, que je trouve complètement absurde, c’est justement le syndrome pré-menstruel. Pour tout vous dire, je ne l’ai découvert qu’il y a peu et je trouve ça scandaleux qu’on ne m’en ait jamais parlé. Surtout ado. Où je faisais mensuellement des crises de déprime. Ma mère ne m’en a jamais jamais jamais parlé. Ni les médecins. Ni personne.
Je me suis renseignée depuis que je l’ai identifié. J’ai lu que ça équivalait à une crise de manque chez un toxicomane. Tu passes du rire aux larmes, de la joie à l’hystérie. Tu as envie de bouffer n’importe quoi, tout t’exaspère. Et un matin t’as tes règles, et pouf, tout est terminé. C’est quand même hallucinant que les médecins fassent semblant que ça n’existe pas !!! Ma gynéco m’avait prescrit de l’Euphytose … de l’EUPHYTOSE ! Prescris moi des Pringles ce sera plus efficace. Mon nouveau gynéco est un homme, autant te dire que pour lui c’est une invention féminine pure et simple.
J’ai une application dans mon portable qui me dit quand je vais avoir mes règles, le petit chat me rappelle 7 jours avant que je risque d’avoir envie de buter des chatons. Je l’aime ce petit chat (l’appli c’est ‘mon calendrier’, ça a sauvé mon couple, clairement).
Quand je suis comme ça, je préviens les personnes de mon foyer ‘attention les amis, c’est mes jours dragon, je me contiens MAIS je peux à tout moment vous hurler dessus si vous rangez pas CES PUTAINS DE PLAIDS’. Ce syndrome est fou. Mais pas dans le sens bien. Fou, comme nous les femmes en crise.
Mais il existe, il faut que les médecins arrêtent de le nier.
Et enfin, dernier tabou qui me choque parce que c’est super grave : la dépression post partum. J’en ai beaucoup parlé ici mais bon dieu, arrêtons de nier qu’il est possible de ne pas aimer son bébé au premier regard. Arrêtons de faire croire qu’on est dans un état d’extase automatique dès qu’on est mère (ou pire, enceinte). C’est FAUX. Et les mamans qui ont besoin de temps pour aimer ne sont pas des mauvaises mamans. Et elles ne sont pas dangereuses pour leur enfant même si elles lui font peu de câlins. Et merde.
PARLONS !!! Parlons-nous, parlons à nos ados, parlons à nos amies, P A R L O N S !!!
Et nous pourrons toutes ensemble larguer cette culpabilité qui nous suit quotidiennement, nous les femmes.
Voilà.
C’est fouillis, c’est pas joli, mais c’est comme ça quand on prend pas la pilule ahah ! Aimez-vous.
Illustration d’Agathe Sorlet.