Il faut bien le reconnaître, ce n’est pas la norme d’avoir un seul enfant par choix. Tu n’échappes jamais à la question du ‘petit deuxième’, comme si c’était un truc en plus, la chantilly sur ta glace. J’aime pas la chantilly sur la glace. Je me régale bien comme ça.
Nina va bientôt avoir 5 ans et plus le temps avance, plus je suis en paix avec mon choix. Je trouve ça un peu triste de lire par-ci par-là ‘aujourd’hui je n’ai qu’un seul enfant, je vais bien en profiter, ça fait du bien de temps en temps’. Ce que je comprends moi c’est que le quotidien ne fait pas autant de bien. Et je peux le comprendre, la logistique avec plusieurs enfants, les tâches ménagères à rallonge, les disputes et tout ce qui va avec la multiparentalité. C’est évident, ce n’est pas pour moi.
Moi ce que j’aime c’est que chaque jour avec Nina soit un jour d’exception, un jour où je profite d’elle, sans culpabiliser de laisser quelqu’un sur le carreau. Chaque mercredi toutes les deux, que l’on fasse mille choses ou que l’on ne fasse rien, est un jour d’exception. Je profite, tous les jours, d’elle. Chaque sortie est un moment privilégié, chaque câlin est complet, plein de cet amour que je n’ai que pour elle, elle seule. Parfois quand elle me serre si fort, je me dis que je l’aime tellement que ça déborde, je ne sais plus quoi faire de cet amour qui me prend aux tripes. Cet amour qui a mis le temps mais qui est arrivé pour ne plus jamais repartir.
Je n’ai pas besoin de ‘dégager du temps pour être avec chacun’, je n’ai qu’elle, et ça me comble de bonheur. Je suis de plus en plus en paix avec mes choix de vie, bien que certains pourraient être améliorés. Mais en tout cas mon choix de Nina unique, il est réfléchi et il me fait du bien.
Mon père y retrouve à dire ‘blablabla j’ai élevé trois enfants et vous avez pas été malheureux’ qu’il nous serine depuis notre naissance (du moins la mienne). Alors si papa, je te le dis vu que tu ne veux pas l’entendre, on a été malheureux. Mais pas parce qu’on était trois. On a été malheureux à cause de toi, parce que tu es la personne la plus malheureuse que l’on connaisse. Et lui d’enchaîner ‘j’ai lu ton blog l’autre jour là, non mais c’est vraiment n’importe quoi, tu crois que ça intéresse quelqu’un ?’ ‘oui papa je le crois’ et sa conclusion éternelle ‘oui t’as la science infuse toi’. Aucun rapport. L’homme le plus irrationnel du monde. Je crois que n’avoir qu’un enfant est ma plus belle façon de lui dire merde. Ta vie j’en veux pas, tes schémas et tes modèles non plus.
Il refuse d’admettre que nous sommes heureux comme ça, juste nous trois. Il prend nos câlins et nos fous rires pour de la mauvaise éducation. On s’en fout, on claque la porte et on rentre chez nous.
On joue à ‘qui j’imite ?’ et on hurle de rire, on fait des câlins qui n’en finissent plus, on saute sur les lits.
Parce qu’on est mal élevés.
Portrait de nous, réalisé par Julie, avec talent.