Voilà 3 jours que tu as accouchée, tu en as marre de chialer quand on t’apporte ton plateau repas, alors ce matin, tu sors de la maternité (apparemment trop tôt selon la profession). Mais tu te dis que ça ne pourra te faire que du bien de rentrer, de retrouver ton mari le soir, de manger en compagnie de quelqu’un etc …
10h pétantes tu es prête à partir.
15h tapantes, tu sors. Me demande pas ce qu’on a fait pendant 5h, c’était pénible. Oui, on a juste attendu qu’ils se décident à nous apporter ce p***** de carnet de santé, qu’ils piquent la petite (et lui fassent un bleu monstrueux sur la main), qu’ils nous donnent les ordonnances, bla bla bla.
Tu te crois contente de rentrer, que nenni, dans la voiture tu chiales direct. Cafard puissance mille, tu sais plus où te mettre, si tu te sentiras bien un jour, t’es paumée.
(A partir de maintenant, il vaut mieux que mon mari ne poursuive pas la lecture …)
Puis, tu arrives à la maison, tu franchis le pas de la porte et là … comment dire ? Ah oui, toi tu t’attends à ce que je te dise qu’il y avait une banderole ‘bienvenue’ et que ça sentait le Saint Marc ?
Dommage fromage, la maison est dans un état lamentable. L’homme seul ne sait pas gérer un logement.
Tous les cadeaux que tu as reçu à la maternité sont entassés là dans un coin, encore dans leurs paquets (un sac dans un sac dans un autre sac !). Le linge n’a pas été lavé, en ouvrant le frigo tu te dis ‘tiens j’ai dû partir longtemps, la nouvelle ‘fashion food’ c’est le moisi !’, le lit n’est évidemment pas fait, bref faisons un calcul : la fatigue suprême, la déprime qui vient de te gagner dans l’auto (souviens-toi), l’envie de prendre une douche (oui parce que tu pensais sortir à 10h de la maternité et te doucher en arrivant à la maison) = tu pètes un câble !!!
Personnellement sur le moment j’ai fait la tornade, j’ai rangé, trié, lavé ce que j’ai pu mais quand j’y repense c’est encore douloureux. Je pense que ça ne m’a pas aidée à aller mieux, le retour à la maison n’a pas été serein du tout, même si mon mari est relativement proche de la perfection, sur ce coup-là : zéro pointé.
Bref, te voilà donc à la maison.
Et là, il te faut aller faire des courses, tu laisses le bébé à sa gentille mamie, il a 3 jours mais ça ne te fait ni chaud ni froid de le laisser. Hum hum ? Est-ce normal ?
Et le lendemain ça ne va pas mieux, ni le jour d’après, ni le suivant.
Parce que voilà, au lieu de te parler de la ‘merveille de la naissance’ et ‘de l’amour infini’, on aurait mieux fait de te parler de ce qu’est vraiment le dit ‘baby blues’.
Chez certaines ça consiste juste à pleurer pour rien et puis pof, plus rien.
Mais pour beaucoup c’est plus profond. Voilà les questions qui reviennent le plus souvent (témoignages à l’appui) :
– comment ça se fait que je ne ressente rien ? comment ça se fait que je n’ai pas l’impression d’aimer mon enfant ?
– pourquoi je n’ai pas l’impression que c’est mon enfant ?
– ai-je bien fait de faire un enfant ?
– on était si bien avant tous les deux, serons-nous bien à trois ?
– pourquoi n’ai-je aucune envie de lui faire des câlins ? des bisous ? de lui parler ?
Et tu te traînes ça, toute la journée, tu te lèves angoissée, tu te couches angoissée, tu maudis la Terre entière et par ‘Terre’ je fais allusion à toutes les greluches qui ne t’ont raconté que les bons côtés, niaisement en plus, qui t’ont caché que l’on met parfois plusieurs mois à ressentir des émotions envers son enfant, qui t’ont caché qu’il est normal de se poser toutes ces questions, qui n’ont fait que te dire ‘oh oh oh Brandon a fait un beau caca ce matin, c’est formidable’ ; ‘la petite puce Kelly a mis un superbe bandeau rose pour aller à la plage, elle est à croquer’ ; ‘Kimberley gazouille toute la journée, je l’aime tellement’ … Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
Voilà, le vrai baby blues c’est ça, c’est super chiant. Tu es tellement mal que tu as l’impression que plus jamais tu vas rire, plus jamais tu vas aimer Anouk (quoi ??? pas possible), plus jamais tu auras faim.
On en guérit d’1 mm chaque jour, à l’heure où j’écris , ça fait plus d’un mois que je suis dedans et je n’en suis pas encore sortie, loin de là.
Un conseil à toutes les futures mamans, même si je déteste donner des conseils, autant que possible essayez d’imaginer votre vie future, ne faites pas comme moi qui n’avait pas réalisé qu’être enceinte ça aboutissait à avoir un enfant, un membre de plus dans la famille, une nouvelle vie. Je sais que c’est pas facile et qu’on a beau imaginer, on ne se rend compte que quand le bébé est né. Profitez de vos derniers instants VRAIMENT à deux, parce que oui après on peut faire garder son bébé mais la famille compte un nouveau membre et on ne vit plus les choses pareil.
Pour ma part j’ai hâte que tout cela ne soit qu’une vague petite poussière dans ma mémoire, en attendant j’essaie d’être une bonne maman et de ne pas communiquer ma douleur à ma fille. Parce qu’elle n’a rien demandé et surtout que mon mal être n’a rien à voir avec elle mais avec le changement qu’elle représente.
Et aussi, si par malheur vous êtes vous aussi frappée par cette merde, il faut parler, dire tout ce qui vous passe par la tête même si vous avez honte et ne pas hésiter à aller voir une psychologue (personnellement je consulte celle de la maternité, elle sait pile poil de quoi on parle). Et autant que possible, ne pas prendre de médicaments, ça ne résoud rien, il vaut mieux prendre des plantes, de l’homéopathie et un gros câlin de vos proches, ça marche aussi bien, même si c’est plus long.
Je tenais à partager tout ça parce que moi j’aurais aimé qu’on me prévienne. Le premier mois de Nina est passé à toute vitesse mais je peux compter sur les doigts de la main les moments heureux que j’ai eu. J’aurais aimé être préparée à tout ça, si je peux aider ne serait-ce qu’une seule personne, je serai contente.
Et enfin, comme aux Oscars, je remercie de tout coeur mon mari, ma famille, mes copines, les gentilles inconnues qui m’ont envoyé des mots de soutien et spéciale dédicace à Emilie, Céline, Bérengère, Justine et Agnès qui ont partagé leurs expériences avec moi (pfff ça fait du bien de pas se sentir seule).
Je souhaite la vie en rose à Noémie, Stéphanie, Cécilia, Marion, Emilie et Céline même si elles sont déjà pro, et toutes les autres femmes à bosse. +++ et Justine aussi puisque maintenant c’est officiel 😉
Ma fille est adorable, elle s’appelle Nina.
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